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Channel: Commentaires sur : Le capitalisme responsable de tout
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Par : Mesuron

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Monsieur Brasseul.

J’apprécie encore votre (vos) réponse(s). Mais je ne crois pas, malheureusement, avoir le temps de répondre comme il le faudrait et comme l’intérêt que vous avez témoigné à me répondre l’exigerait. Je ne fuis pas en disant cela. C’est simplement qu’écrire est pour moi très fastidieux, que je ne pratique que très occasionnellement cet exercice et que le temps me manque ou me manquera. Je lis, réfléchis mais ne publie pas, ou très très peu.
J’aime par contre discuter de vive voix. Peut-être qu’une discussion avec vous aurait pu m’inciter à reprendre le dialogue si elle était envisageable ou seulement possible, ce que je ne crois pas (nous n’habitons certainement pas la même région et nos vies sont occupées à diverses choses).

Ceci dit je ne veux pas affirmer que jamais plus je ne solliciterai un débat via cette revue. Mais je ne peux le promettre.

Pour répondre très succinctement à vos remarques, je dirai ceci (dans l’empressement et sans chercher à peaufiner, nuancer mon propos) :

La manifestation républicaine en hommage à Charlie m’a fait peur, et toute forme de rassemblement autour de valeur ou principe érigé en absolu continuera à m’effrayer. J’y ai vu des réflexes patriotiques qui me terrifient, car c’est au nom de la Patrie que l’on fait la guerre. Ces principes républicains ne font jamais ou que très rarement l’objet d’une critique, d’une mise à distance. Ils sont donc le « ressort » psychologique pour la manipulation des esprits et l’acceptation d’un ordre, jugé bon, juste et irrévocable. Ces principes s’infiltrent dans les esprits comme le fanatisme dans les mœurs (comme on dit aujourd’hui « je suis fan de untel… », « je suis fan des Droits de l’homme, etc.) Bien sûr, tous les manifestants du rassemblement ne sont pas à ranger dans la même enseigne, et beaucoup d’indignés étaient certainement sincères et réagissaient sous le coup de l’émotion. Mais, comme il fallait s’y attendre, la récupération politique est venue noircir d’idéologie la « pureté » de l’indignation. Et l’escalade a eu lieu, et la surenchère a monté… La machine infernale de l’unanimisme dicte alors les bons des mauvais comportements. Nous y sommes… au nom, bien sûr, de la liberté d’expression, de la démocratie, de la République, etc.

Cette digression pour revenir au point de départ, c’est-à-dire à mon texte publié, m’amène maintenant à vos remarques.

Je comprends ce que vous voulez dire en parlant du capitalisme : des industries existaient avant que le capitalisme existe. Bien sûr. « Il ne s’agit que de la propriété privée des moyens de production » qui permet « la fragile séparation des pouvoirs qui existe entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques. »

Vous avez raison. Mais c’est précisément cette séparation des pouvoirs que je refuse – car qui dit dit séparation des pouvoirs dit domination et injustice -, et qu’au contraire on tenté (et que tente encore de nos jours) d’associer ou de réunir les expériences de démocratie directe (non étatique, cela va de soi) dont je parle. Lesquelles ?

De nombreuses communautés, disons, « libertaires » (pour employer un mot) : Le mouvement camphill (en Angleterre), les Kibboutz (en Israël), la communauté du Pinacle (en Jamaïque : 1939-1958), Yamagagishi Kai (au Japon), The followship Of International communautie (Aux U.S.A). Les exemples de démocratie villageoise au Moyen-âge (lors, entre autres, de la révolte des Tuchins, de 1363 à 1384, et de bien d’autres encore), le mouvement libertaire espagnol (lors de la guerre d’Espagne), ou Russe (Nestor Makno et sa lutte contre la fascisme et l’hitlérisme ; lutte pour un « ordre libertaire », sans pouvoir économique séparé, donc), plus récemment – en 2001, si je ne m’abuse -, L’insurrection algérienne (le peuple Kabylie, notamment), réussissant a réaliser « le premier gouvernement à forme républicaine et démocratique en kabylie pendant qu’en France et ailleurs on ignorait ces mots » (journal L’Algérie au carrefour).

Je ne dois bien sûr pas oublier la Démocratie grecque (qui a inventé la Démocratie et notamment directe ou, disons, quasi directe ; démocratie que je juge par ailleurs plutôt tyrannique – mais ce n’est que mon point de vue) et toutes les expériences qui ont lieu de nos jours encore, en France et dans le monde.

Je ne veux pas dire que tout était – ou doit être forcément – rose dans ces associations démocratiques, mais elles ont existé, et ont réduit l’importance de l’économie à une dimension domestique (le troc y était parfois ou souvent pratiqué) ; l’on domptée ainsi que que l’on dompte la fureur des hommes et du pouvoir. Les raisons de leur existence plus au moins longue dans le temps varient évidemment selon les cas de figures (la démesure, pour la démocratie grecque), un rapport de force de force inégal (pour la révolution espagnole), etc., ou tout simplement l’usure des gens à lutter. Mais la vie était vécue, la liberté humaine était autre chose que cette notion abstraite dans nos démocratie ou, pour paraphraser Rousseau, « l’homme est né libre, mais partout il est dans les fers ».

Sur le Droit, je n’ignore pas que le droit n’est pas le droit du plus fort ; « Pascal, dans les Pensées, disait, à peu près, ceci : « A défaut de faire en sorte que le plus juste soit le plus fort nous faisons en sorte que le plus fort soit le plus juste. »
Le droit, donc, contrarie la force, la rectifie droitement (la met donc dans le chemin de « ce qui est droit et non tordu » – comme l’exprime le sens du mot « droit », si je ne m’abuse), mais il est toujours l’expression d’un rapport de force ou, autrement dit : la justice n’est qu’un compromis avec l’injustice initiale liée à la domination de la force initiale qui imprime son pouvoir.

Le droit s’origine donc sur le droit du plus fort et, comme le dit Marx, est l’expression d’un pouvoir dominant, d’une idéologie régnante qui, dès lors, oriente inévitablement son droit selon son intérêt. « Selon que vous soyez pauvres ou riches…, dit le dicton… ».

*

Je m’arrête là ; il me faudrait des heures et des heures pour développer, approfondir les choses… J’ai faim et vais donc aller manger.

Cordialement.

CM.


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